Interrompre la journée par une pause-café ... voilà une habitude à laquelle personne ne saurait renoncer... C'est encore plus agréable et plus pratique si l'on dispose d'un petit terrier douillé celui du LAPIN BLANC.

Nouvelles, un poèmes, un extraits de livres, créations personnelles ou Bric & Brac, petits trucs qu'on peut trouver un peu partout sur le Oueb ou entendre dans la vie de tous les jours.

Je reste à votre écoute pour vos demandes, corrections, recommandations ou commentaires .

Avec le LAPIN BLANC laissez vous bercer et voyagez le temps d'un clique à travers les délires les plus farfelus mon cerveau rêveur.

Je vous souhaite une agréable lecture.

Francois Morel



Quand j'étais petit, je n'étais pas grand, chaque mois de novembre, j'allais avec ma classe devant le monument aux morts.
Des vieillards souvent moustachus avaient la larme à l'oeil en tenant leur drapeau.
On devait chanter la Marseillaise, on ne comprenait pas bien comment un chant guerrier pouvait faire plaisir à des vieux messieurs dont on nous avait dit qu'ils s'étaient battus pour la Paix.
Sur le chemin des écoliers, nous préférions la variante de l'hymne national qui commençait par : "Aux armes citoyens ! Baissez vos pantalons, baisons, baisons...”
Mais, devant le monument aux morts, on chantait la bonne version, on était obligé, parfois, à cause des nerfs, à cause des végétations, à cause de Gérard Boscin qui émettait  un pet chaque fois qu'était prononcé "Mort pour la France" on avait un fou rire, et le Maitre d'école se fâchait, menaçait de déchirer nos bons points.
Sur le monument aux morts, on pouvait lire des noms de personne qu'on ne connaissait pas, par dizaine, des noms accompagnés de prénoms qui nous faisaient rigoler tellement ils nous semblaient passé de mode, ri di cule ! Auguste, Augustin, Victor, Victorien, Ferdinand, Fernand, Valentin, Marcelin, Hector, tous ces petits noms vieux jeu qu'on a fini par trouver moderne dès qu'on a eu l'idée de les donner à nos enfants.
Quand j'étais petit, je n'étais pas grand, je ne savais pas que les vieux messieurs avaient été de jeunes hommes dont le coeur battait pour une Madeleine, pour une Marie, une Marguerite, pour une Suzanne, pour une Charlotte, pour un Pierre.
Quand j'étais petit, je n'étais pas grand, les Anciens Combattants, quand nous gloussions, nous regardaient d'un oeil mauvais, humecté de larmes et de reproche et peut être d'un sentiment d'abandon.
Quand j'étais petit, je n'étais pas grand, j'étais un ignorant, je ne savais pas que c'était le soleil, le printemps, la jeunesse qu'on tentait de célébrer sous la pluie de novembre, la foi dans l'Avenir, l'espérance de tous ces hommes jeunes, radiants, fougueux qui un jour avaient eu la vie devant eux et qui ont fini dans la souffrance, la boue, l’enfer.
Plus jamais ça !  Diront les Maires de France devant les monuments aux morts.
Plus jamais ça !  Diront ils l'année prochaine pour commémorer le premier siècle de la grande guerre. 
Mais que vont devenir les autres ? Auguste, Augustin, Victor, Victorien, Ferdinand, Fernand, Valentin, Marcelin d'aujourd'hui …Quels projets pourront ils partager avec Madeleine, avec Marie, Marguerite, Charlotte, Pierre entre petits boulots et Pôle Emploi, entre émission idiote et promotion sur les perceuses électriques chez Bricorama tous les dimanches à la Patte d'Oie D'Herbé ; bringuebalés, humiliés, méprisés, ballotés, baladés…

Qui sont aujourd’hui les nouvelles gueules cassées ?
 Où sont les champs d'honneur ? Qui sont les nouveaux condamnés ?
Les nouveaux sacrifiés ?et combien de clandestins, de naufragés, d'enfants torturés ? Dites Monsieur ? Entre deux guerres, est ce bien la PAIX ?

                                                                                       François Morel 




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