J’ai plus d’une fois rêvé que j’étais morte.
On imagine toujours le tunnel noir, la lumière au bout, son âme de félicité légère qui s’élève au dessus des personnes et des bâtiments, ou encore la vision des disparus.
Moi j’ai rêvé de mon corps, avec moi dedans, qui s’enfonçait dans le sol. Pas de façon palpable, non, mais d’un coup, tout autour de moi est devenu transparent. Le paysage, les gens, la ville, tout a continué d’exister, mais pas pour moi. Comme si je plongeais dans l’eau, mon corps est devenu lourd par rapport à l’évanescence du monde. Et le monde s’est éloigné, je l’ai vu s’élever autour de moi alors que je m’enfonçais dans un univers de noir, léger tant il est vide.
Les sons, les rires, le klaxon des voitures se sont estompés, et j’ai voulu crier. Tout est devenu silencieux, je ne voyais plus rien, je ne sentais plus rien.
Et pourtant, j’avais l’intime conviction que là-haut, tout avait continué sans moi.
Et personne ne pouvait m’entendre. Je ne pouvais plus crier, je ne pouvais plus pleurer, j’étais prisonnière du vide, à la façon d’un spationaute qui flotte dans du rien.
J’ai senti ma solitude, et j’ai eu peur. Seule, toute seule, à tout jamais. Et le monde, là-haut, qui m’avait abandonné.
Mauricette Voisin
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