La vie reprend son cours, comme si tout n'avait été qu'un rêve, une parenthèse magique.
J'imagine que pour toi aussi, la vie reprend son cours. Et Paris se glisse dans tes souvenirs comme un lieu imaginaire, qui n'existe que jusqu'au moment où tu t'es réveillé dimanche matin dans ton lit à Nouméa.
Reprendre le travail ? Déjeuner avec tes parents, prendre un verre avec tes amis, revoir des connaissances, retrouver une cousine, te balader dans Nouméa, trouver un appartement, ton cocon à toi, ton chez toi, avec tes meubles et tes affaires... Qu'est-ce qui a changé en toi depuis 6 mois ? Ton regard a-t-il changé ?
Ici, chaque chose me rappelle toi, me rappelle ton existence et surtout, cette boule de vide dans mon ventre, me tord de souffrance. L'irréalité de tout ça. Je me balade sur le blog, sur ton Facebook, sur ton Google +, dans les fibres de ton manteau, sur les gouttes de ton parfum qui imprègne mon poignet tous les matins maintenant (seulement quelques gouttes, bien cachées, je ne veux pas que mon nez s'habitue, je veux sursauter quand par mégarde je bouge), sur les aiguilles de ta montre à gousset, dans le fond de thé de ta tasse transparente. Et je recommence. Facebook, Google +, ton manteau...
Il fait beau à mourir, c'est ironique. Mon balcon est magnifique, le soleil est partout partout, comme pour me dire que je n'ai pas le droit d'être déprimée.
Je regarde Ludovic en douce, j'étire un sourire quand il surprend mon air triste, et la nuit derrière, j'ai cherché à tâtons son torse, j'ai glissé ma tête sur sa poitrine, dans cette position que tu affectionnes tant. Je ressens tout de suite la différence. La peau, le parfum, la texture, je n'arrive pas à me leurrer et je pleure doucement. Ce matin, j'ai perçu son air malheureux, en quête de mon sourire, à la recherche d'un moindre signe d'amour de ma part. Ça me rend encore plus triste. J'essaie tant de donner le change. Cette situation, je l'ai voulue, provoquée, je n'ai pas le droit à présent de laisser échapper ma souffrance. Ne me demande plus si ça va, d'accord ?
J'ai relu mon tout premier mail, mes désirs à ce moment-là. Comment ai-je pu faire tant de mal, alors que c'est précisément ce que je ne voulais pas ???
J+3. Tes décomptes m'ont toujours fait sourire. Moi aussi je vais avoir un maintenant. Ma lutte personnelle contre moi-même, contre mes crises d'angoisse insensées.
J'aurai voulu être différente, être enjouée, avoir cette capacité naturelle à communiquer, mais c'est un effort, j'ai toujours l'impression que parler ne sert à rien, que mes mots n'ont aucun sens.
Je sais cloisonner, agir en conséquence, faire les choses telles qu'elles doivent être faites, c'est déjà pas mal non ?
Mauricette Voisin

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire