Interrompre la journée par une pause-café ... voilà une habitude à laquelle personne ne saurait renoncer... C'est encore plus agréable et plus pratique si l'on dispose d'un petit terrier douillé celui du LAPIN BLANC.

Nouvelles, un poèmes, un extraits de livres, créations personnelles ou Bric & Brac, petits trucs qu'on peut trouver un peu partout sur le Oueb ou entendre dans la vie de tous les jours.

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Avec le LAPIN BLANC laissez vous bercer et voyagez le temps d'un clique à travers les délires les plus farfelus mon cerveau rêveur.

Je vous souhaite une agréable lecture.

Une autre jeunesse



C’est à cette lucidité, à cette exaltation douloureuse que la jeunesse d’aujourd’hui doit sa façon d’aimer. Douée d’une conscience aiguë du temps, elle sait qu’il ne respecte pas ce qui se fait sans lui — fût-ce l’amour — mais qu’il finit aussi, peu à peu, par l’altérer et le défaire. Douée, plus qu’aucune autre jeunesse, du sentiment de la solitude, elle a renoncé à l’illusion d’en guérir par la communion des corps. Le langage lui-même ne la rassure pas ; elle se méfie des mots — et singulièrement de ce mot amour, usé à tort et à travers, souillé, défiguré par ceux qui l’ont confondu avec le seul plaisir physique. Sans nous bercer d’espérances grandiloquentes sur les pouvoirs du coeur humain, nous nous contentons de ce qu’il peut donner : de la tendresse, quelques instants de bonheur commun, et surtout l’intuition d’une destinée mortelle, pareille à la nôtre, et dont la condition nous émerveille. Ces êtres qui nous accompagnent quelque temps, nous savons bien que leur possession absolue est impossible. Deux visages insaisissables dont la disparition est imminente et qu’il nous semble, à chaque baiser, embrasser pour la dernière fois !

Ceux qui trouveront une telle jeunesse désabusée ne la comprendront pas. Les désabusés, ce sont les hommes de plaisir, ceux qui se croient revenus de tout sans avoir été nulle part : ils ne sauraient trouver de mystère à leur vie, car il n’y a pas de mystère des corps. Pour nous qui avons accepté la souffrance, et surtout cette souffrance de ne pouvoir comprendre ni réduire à rien de connu cette part secrète de la vie d’autrui, sa vie profonde, sa vie intérieure, les êtres ne perdront jamais leur mystère… A chaque instant, au contraire, ils nous apparaissent dans l’éclat terrible que leur confère le prestige de devoir mourir.

                                 

                                                                                  Jean-René Huguenin — Une autre jeunesse

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