Et puis parfois au détour d’un coteau, une parcelle dense, ses petits ceps agenouillés et tordus, courbés vers la terre comme les moines pénitents, renonce aux luxes de l’engrais, s’abandonne au silence, au recueillement et à la profondeur. Le vigneron, sa seule pioche à la main, assiste silencieux au dialogue éperdu d’une plante avec son créateur, ses racines plongées au fond cherchent son Moi, dépassant sa souffrance pour se livrer au Terroir comme à une rédemption. Septembre livre alors des saveurs inconnues, un raisin triomphant, torrent de notes subtiles et frémissantes où se joue tout entier la symphonie d’un monde que nos arrogances escamotent.
Alors le Terroir se déploie ; douce musique policé des sables, lumière tropicale des calcaires, rectitude presque métrique des grès, force messianique des volcanismes, souffle grégorien des marnes. Et par-dessus le ballet des vents, le reflets des soleils, la pluie comme le relais du ciel, chaos du climat, chaque jour dissemblable qui souligne, atténue et transcende cette énergie primitive, le hasard géologique et le souffle du Divin.
Qu’elle est humble notre sueur, ces gestes vignerons comme un rite trop ancien dont presque tous ont perdu le sens. Et combien grandit notre respect devant ces forces immémoriales que nos anciens ont nommé en constituant le cadastre, trésor unique témoin de tant d’effort, de tant de travail et de tant de foi. »
Qu’elle est humble notre sueur, ces gestes vignerons comme un rite trop ancien dont presque tous ont perdu le sens. Et combien grandit notre respect devant ces forces immémoriales que nos anciens ont nommé en constituant le cadastre, trésor unique témoin de tant d’effort, de tant de travail et de tant de foi. »
Jean-Michel Deiss.
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