L'été indien
Me voilà, trimballant mes deux grosses valises.
Il ne me faut pas longtemps pour me rendre compte que je ne
pourrai pas soulever les deux dans les escaliers du métro.
Audacieux et sans doute un peu naïf, je me pose sur le bord
de la route guettant l'arrivée d'un taxi.
J'ai de la chance, il ne me faut pas longtemps pour enfin voir
cette typique signalétique verte, mon dos, mes poignets, mes tendons sautent de
joie.
Je salue l'homme poliment, il ressemble à un kanak, il charge mes
valises, tant mieux.
Au bout de quelques minutes, je lui pose la question, de quelle
ethnie êtes vous ?
Il est d'Haïti. Il ne parle pas très bien français. Nous parlons
quand même un peu politique, la Nouvelle-Calédonie, les Kanak, l'indépendance,
l'histoire, je n'ai plus envie de parler, je me tais.
Le temps est couvert, il pleuviote, ça me rend triste et nostalgique, mon coeur se serre.
Pendant cette traversée, je contemple Paris qui s'est paré de
jolies couleurs orange, les feuilles des arbres soufflent leurs dernières heures.
Je songe à l'automne, c'est mon premier.
Je ferme les yeux, et là, je sens une chose
très douce me toucher la joue, c'est chaud.
C'est un rayon de soleil, l’espace d'un instant, il s'est libéré
de l'étreinte d'un nuage, il me caresse le visage. Mes yeux restent fermés.
En cet instant, je ne pense qu'a une chose, cette sensation qu'il
me procure, cette caresse, l'ensemble de mon système nerveux se concentre
dessus.
L'instant d'après, me voici déjà à destination.
Je paie, le coffre s'ouvre, mes valises posées sur
le trottoir.
Un instant de magie, et puis voilà, et puis tant pis.
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