Elle traverse la véranda et regarde autour d’elle ; histoire que le chien de la voisine ne vienne pas encore lui faire expérimenter la mort.
Elle découvre pas à pas, que les plantes de cet étrange jardin commencent à faner. Son amie n’est plus là, son cœur commence à chavirer, s’emballer. Son rythme s’accélère…
Elle reste dans le néant, ne sachant pas si elle doit continuer ou bien faire demi tour.
« Lâche » est un mot qui ne lui appartient pas.
Elle passe la tête à travers l’ouverture de la porte.
Laissée entre-ouverte par inconscience ou par négligence.
Les frissons l’empêchent de respirer, elle l’a voit étendue là.
Elle était venue lui dire que tout était fini, que la nuit dernière avait été une terrible erreur et que leurs corps n’étaient plus compatibles, malgré le désir qui les rongeait encore et qui les rongerait toujours.
Elle n’était pas bien certaine de vouloir faire ça, mais elle le devait.
Personne ne l’avait jamais trompée jusqu'à aujourd’hui et ce premier affront serait le dernier.
Déterminée à lui jeter ce bouquet au visage, cette scène se répétant mille et mille fois dans son esprit perdu, elle n’était plus certaine de rien.
Car elle savait qu’un seul regard émanant de son visage pâle et doux la rendrait vulnérable, absente et incapable de réciter ce dernier couplet.
Mais après de nombreux jours sans contact, elle avait prétexté vouloir lui parler, alors que la dernière fois avait été complètement chaotique et incompréhensible.
Sur le seuil de la porte, elle imagine Ema, sourires et rire à n’en plus pouvoir respirer, elle ne parvient plus à empêcher ces images de la heurter.
Après avoir découvert son amie étendue sur ce parquet d’un rouge fabuleux, d’un rouge peint de son sang, elle court vers elle et trébuche prés de ce corps inerte.
Et trouve prés d’elle, une lame, une rose, et une lettre.
Chacun de ces objets étant tous signés d’une goutte de sang, Seulement une.
Elle n’essaya même pas de savoir si son cœur battait encore, et la souleva d’une vitesse affolante pour l’emmener directement à sa voiture, sortir du garage et aborder automatiquement l’autoroute en direction de l’hôpital.
······
Hélène venait de quitter sa maison, Ema était complètement abasourdie de s’être laissée surprendre par la seule personne qu’elle aimerait à jamais.
Mais cela ne changeait pas le fait qu’une inconnue était allongée dans ses draps.
Ema lui demanda de quitter son lit et également sa maison.
Elle savait qu’elle venait de faire la plus énorme erreur de toute sa vie, mais même les larmes ne serviraient plus a rien…
- Alors tu m’as menti ! dit Hélène, qui peinait à pouvoir parler car elle suffoquait.
-…Je ne t’ai rien promis Hélène, je…je ne pensais pas que tout cela était important…je veux dire, tu me connais, j’ai encore perdu la raison et…
- Tais toi ! La ferme ! T’as compris !...Tu veux ma mort c’est ça ? Parce que si c’est ça…tu l’auras ! Hélène s’effondre sur le parquet de la cuisine…
Accroupie, Ema la regarde ne sachant que faire, ayant l’irrésistible envie de la serrer contre elle.
Elle ne l’avait pas vue depuis des jours, Hélène ayant été invitée à un congrès important, réunissant tous les nouveaux écrivains de la région.
- Hélène…Pardonne Moi…Je…Non…en fait, Tu ne m’a pas laissé le temps de comprendre ce qui se passait entre nous…Et ce que je ressens pour toi m’effraie ! Tu peux comprendre ça ? dit-elle tout doucement, assise a coté d’elle.
-Je ne t’ai pas laissé le choix ?…Alors là je te laisse le choix de ne plus me voir…
Hélène se relève si vite qu’Ema n’a même pas le temps de lui prendre le bras pour la retenir. Elle attrape son sac, qu’elle avait laissé tomber à l’entrée, et court vers sa voiture.
······
En direction de l’hôpital, Hélène a du mal à distinguer le chemin qu’elle doit emprunter pour l’atteindre.
Elle n’ose même pas regarder Ema étendue à coté d’elle. Elle ne peut à présent que penser au futur. Elle n’imagine pas une seconde la vie sans elle.
Ces derniers jours, depuis leur accroche, avaient été un véritable enfer ; elle s’était rendue compte qu’elle perdrait sûrement la raison sans Ema. Et étrangement, elle ne lui en avait jamais réellement voulu finalement.
En fait, elle n’avait réagi ainsi que pour répondre à cette provocation que son esprit lui infligeait sans cesse.
Elle s’en voulait atrocement de ne pas s’être rendue compte qu’Ema l’aimait réellement. La seule chose qu’elle voulait faire à présent, c’était se jeter du haut d’une falaise, enlacée ensemble, afin que leurs corps ne se détachent plus jamais, que leurs corps ne s’affrontent plus comme ils l’avaient fait.
Mais elle roulait déjà depuis une quinzaine de minutes et elle arrivait à l’hôpital. Descendant précipitamment elle courut a l’intérieur chercher du secours, elle savait que la moindre minute pourrait lui enlever a jamais son âme sœur.
Ema était en salle d’opération, et Hélène attendait dans la salle bleue.
La salle bleue est une salle de recueil et d’attente, différente des autres.
Elle était liquidée, complètement vidée de toutes forces. Elle fouilla par habitude les poches de sa veste en cuir et y découvrit une lettre, et l’image d’Ema étendue sur le sol lui fit froisser le papier entre ses mains peintes du sang de son amour.
Elle eu peine à ouvrir ce morceau de papier mais y parvint après quelques secondes.
La lettre était d’un orange pâle et arborait les capitales du nom et du prénom d’Ema.
Passant lentement et délicatement le doigt sur la tache de sang, elle avala chaque mot présent sur ce bout d’oxygène…Ce n’était pas une lettre d’adieu, juste une déclaration…Une magnifique déclaration d’amour.
·······
Le métal froid sur sa peau, la laisse croire qu’elle est morte.
Les voix retentissent, mais ses yeux restent clos.
Elle crie ! Hurle de toutes ses forces…Mais personne ne réagit. Où est-elle ?
Un cauchemar troublant, où la seule image est un écran noir à la bande son d’un documentaire basé sur sa vie.
Ils ne parlent plus à présent, elle sent une main toucher sa peau, puis une substance chaude ruisseler sur sa main…Elle comprend peu après qu’il s’agit de larmes.
Elle ressent la tristesse qui s’est engouffrée dans cette pièce et dans sa prison, sa prison de chair.
Ema tente encore d’ouvrir ses yeux qui persistent à la défier. Son corps est contre elle, son cœur devra encore se battre et convaincre la vie.
En effet, dés qu’elle oublie tout recommence.
Comme dans un vieux cinéma, le film n’a pas encore commencé et on regrette déjà de s’être installé, d’avoir tant payé pour finir dans le noir, dans un coma.
Enfin, après deux mois interminables de sommeil, Ema se réveilla.
Ses yeux la faisaient souffrir à cause de l’obscurité trop présente pendant une si longue période.
Son regard brillait. Elle prenait conscience de son corps et récupérait secondes par secondes ses capacités musculaires.
Elle pouvait sentir son sang aller et venir en elle, les globules se choquer contre les parois de ses veines.
Elle tourna difficilement la tête, et explora la pièce en une fraction de secondes.
Elle vît une personne assise à ses côtés, la tête posée sur le rebord du lit, ses cheveux foncés éparpillés sur les draps d’une blancheur cadavérique, rendaient le contraste d’une beauté assommante.
Malgré tout, elle ne reconnût pas instantanément cette personne, pourtant la seule qui avait hanté son âme, durant sa vie précédente, la seule qu’elle avait aimée…qu’elle aimerait à jamais.
Puis, les larmes se mirent à jaillir, tel le sang des veines que l’on ouvre contre leurs grés.
Elle ne s’arrêtait plus et sanglotait comme une petite fille se rendant compte de son erreur.
Les bruits du désespoir firent ouvrir immédiatement les yeux de sa bien aimée. Celle-ci sentit des sortes de vibrations envahir la pièce et ne put également empêcher ses propres larmes de s’échapper.
Elle, dans son lit, examina encore la beauté sur le visage de l’être qui la dévisageait.
En effet, elle n’avait pas oublié…en fait, c’était elle : Sa destinée.
(Suite à venir…)
Source : elle se reconnaitra...